Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Quel trouble, soudain ! la
condition humaine me semble dérisoire. Ce regard plein de compassion renverse
les valeurs. L’espèce bipède brandissant la supériorité de sa conscience face
aux limites affirmées de l’animal, vanité, prétention, bêtise !
Dans ces yeux, je lis une infinie
sagesse. Même l’herbe offerte à l’instant me semble mieux comprendre ce qu’est
la vie. Il n’est aucun soupir pourtant, autre que celui qui s’échappe de mes
poumons, aucune accusation dans ce regard débordant d’amour, juste le don total
de soi.
Ma gorge se noud, je voudrais
crier : comment pouvez-vous encore nous pardonner ce que l’on a fait de la
planète ? Mais il ne m’échappe qu’un terrible silence, l’aveu de mon
impuissance et la certitude de l’erreur effroyable de mon espèce.
A l'orée de l'aube J'ai rencontré un roi Aux couleurs d'élégance D'un regard souverain Épris de liberté Il défie silence L'espace immaculé Et la folie des homme.
Voici l'image de la semaine, j'ai hâte de lire les mots qu'elle vous inspirera. Merci à Noushka qui sait si bien capter l'âme de ses sujets.
Qu'est-ce que l'Herbier ?
La confluence entre écriture et art graphique, photographique et parfois musical, quand l'un engendre l'autre pour le partage.
Car l'un doit obligatoirement engendrer l'autre pour suivre la règle de la communauté.
Je
souhaite que l'Herbier conserve sa vocation de création et ne devienne
pas une vitrine où proposer des œuvres qui ne respecteraient pas cette
règle.
L'encre en mélange d'aquarelle
s'est libérée pour leur montrer la vie en rose, à l'aune de coeurs à l'unisson.
Mais quel est cet oeil dont la vue se brouille de gris bordé de noir ?
Le petit bonhomme du ciel, le
petit bonhomme au gros nez, clope au bec façon Prévert et casquette façon
Hardellet, a revêtu sa cape de lumière, sa traîne d’eau.Super héros des nuages, il s’élance
au-dessus du fleuve vers deux amoureux-pétales à peine épanouis, deux amoureux
contemplatifs, si absorbés l’un par l’autre qu’ils ne voient pas le petit
bonhomme. Il s’agite pourtant, se transforme.
« Eh ! regardez-moi, regardez
votre avenir ! Regardez l’enfant, l’ange, prêt à s’envoler et ce personnage
nimbé d’une lumière sombre qui s’éloigne doucement sans faire de bruit pour ne
pas vous déranger. »
Mais le silence recouvre tout,
comme la brume recouvre le lac de leurs yeux qui se boivent.
Après tout, à chacun son tour. Le
un devient deux, le trois se dessine tandis le quatre s’efface. Chacun sait que
le carré est un leurre, que seul le cercle est réel, que seul le cercle n’a pas
de fin. Alors, pourquoi s’en faire ?
Une rafale a ramené des bleus sur ma page Adamante
Bleu ultramarin Ponctué d'un rose céleste Un soir où le vent s'allie aux esprits des grands fonds Qui découvrent les espaces infinis Sur les voies des alizés Miracle de beauté Dangereux et perfide A la surface de l'océan Les monstres se diluent dans l'espace L'amour croit en son impermanence...
Attrapées par distraction, la voix de Guillaume
Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal"*,
celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre
de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses
autotamponneuses"
Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à
ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes
aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice.
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre
heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de
bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses
bals du Trocadéro, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la
grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années
1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures
romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon
père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien
tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses
cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...
Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand
livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Pour "sauver le temps, le mien, celui des
autres" (Annie Ernaux dans l'entretien en lien à l'INA)
Oh la! la! Ce qu’il fait chaud!
Où est-il passé? Je meurs de soif! Il en avait soi-disant pour une grosse
minute… gros soupir… Tiens, elle est là celle-là? Vraiment, on accepte
n’importe qui dans ce bal.
«Oh, bonjour Mlle Germaine, je ne
vous avais pas vue. (tu parles!) Il faut dire qu’avec tout ce monde n’est-ce pas…
Vous êtes très en beauté ce soir (on dirait un gros sac rose et vert. Beurk!).
Vous êtes venue avec votre frère? (qui est bête à manger du foin soit dit en
passant) très bien, très bien. Moi? Oh non, je ne suis pas seule. Jean-Charles
de Méricourt est mon cavalier. Il est allé chercher de quoi nous rafraîchir.
Oui, merci. Très aimable. Bonne soirée à vous également… »
Ouf! Bon débarras. Quel pot de
colle! … gros soupir exaspéré… Cette chaleur va me liquéfier. Je n’en peux
plus. Mais où est-il donc passé? Et ces gants qui n’arrangent rien. C’est
peut-être le signe que l’on est une dame de qualité mais question confort, tu
repasseras. Voilà l ’orchestre qui joue notre valse à présent. C’est
insupportable à la fin! Ai-je une tête à tenir la chandelle? Ah, il va
m'entendre. Doux Jésus, le vicomte de Trinqueville. Pourvu qu’il ne me voit
pas… Aïe! aïe, il va se retourner... .
« Chérie, navrée pour le retard
mais il y avait foule au buffet. Voici votre limonade bien fraîche. Vous ne
m’en voulez pas trop?»
« Mais pas du tout
Jean-Charles. On ne s’ennuie pas une seconde. ( grrrrr) Ce bal est fort
divertissant. ( mis à part les parvenus et autres vieux fossiles)»
« Vous êtes un amour ma très
tendre. Venez, je crois que c’est notre valse…»
Des roses blanches pour un regard noir et l'éventail déplie les songes Tristesse ou mélancolie les fragments solitaires se noient dans la musique du bal