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dimanche 27 mars 2022

Souvenirs P. 195 (105)

 


Doris Salcedo Atrabillarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales. 

Musée d'Art contemporain de Chicago - Détail.







Ils allaient se marier à l'été. Pour la robe, elle devait la confectionner avec sa mère au printemps. Allez savoir pourquoi un coup de cœur lui avait fait acheter dès janvier les escarpins de ses rêves. 


Telles ses ballerines

des talons pour la grandir

le jour de leur vie.


La folie des puissants en a décidé autrement. Elle a dû rejoindre sa grand-mère impotente pour tant bien que mal s'occuper d'elle. Il s'est enrôlé dans l'armée pour défendre son pays.


Si leur vie survit

un long dimanche de fiançailles

les fera attendre.


D'autres souliers, d'autres histoires. Renoncement aux bals et aux banquets. Sans habits de cérémonie. Des maires en gilets pare-balles prononcent des unions dans la sobriété et la précipitation. En est-il de même de l'autre côté ?


Unis pour la vie

séparés dans l'engagement

Maudite soit la guerre.


©Jeanne Fadosi, jeudi 24 mars 2022


et en guise d'illustration sonore j'ai pensé à Roméo et Juliette,

 la marche des chevaliers




 




 

Choix de vie...



Jour de noces

Lune de miel

Comme d'autres englobent

Leur bouquet de mariée

Elle aurait conservé ses escarpins...



Seulement voilà

Elle a pris le voile

Celui de religieuse...


Adieu les escarpins d'un jour

La robe qui va avec

Sa vie vouée à son Dieu

Au couvent...



jill bill





 










 

Les pieds du silence



Qui se souvient des pieds qui un jour ont dansé au temps de la joie de vivre ? Voilà que les chaussons s’exposent en souvenir de femmes oubliées, que la terre, quelque part, n’a pas encore toutes rendues.


les pieds du silence-

quelques notes envolées

un peu de poussière


La violence n’a pas de pays, la haine pas de frontière, et le germe du crime est toujours enduré dans le désir de domination, d’appropriation. Il est si facile d’écraser, de contraindre, de mépriser, lorsque l’on se sent fort…


gros nuages noirs

l’avidité est une pluie

acide


Le féminin sacré, si souvent éhonté, bafoué, violé est un hymne à la vie, une ode à la résistance, un exemple de résilience et de combat. C’est cela le corps des femmes, un temple profané, mais à chaque pas de l’Être, à chaque chausson vide, l’inéluctable avancée.


toute liberté

-le sang des peuples trahis-

croît sur des charniers.



Adamante Donsimoni

D'autres textes - page 105  ICI



HISTOIRE :


Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.






Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.





Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.

“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”


 








samedi 17 mars 2018

Pour la P105

Quand les souliers parlent...





Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago




Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.




Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.




Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.
“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”